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13

Nov

2006

Une légende chez le psy
Écrit par L'équipe de Zone   
Le cocktail du dernier Schneider : un fond de 20th Century Fox, quelques gouttes de champagne, un doigt de barbituriques, de nombreux caprices, un psychanalyste et une légende. À boire très frais.

« Marilyn Monroe est morte d’une surdose ». C’est en ces termes que le Dr Ralph Greenson annonce au Sergent Clemmons, dans la nuit du 4 au 5 août 1962, le décès de sa plus célèbre patiente. À l’époque, Greenson est connu à Hollywood pour être l’analyste des stars mais surtout le médecin exclusif de l’actrice, celui à qui elle se confie et qui régente sa vie depuis plus de deux ans. Officiellement, il est aussi celui qui la vit pour la dernière fois vivante et qui trouva son corps inanimé quelques heures plus tard. Dès lors, beaucoup soupçonnèrent le psychanalyste d’avoir participé à l’organisation de son hypothétique assassinat. Lorsqu’il choisit de se pencher sur le phénomène Monroe, Michel Schneider ne cherche pas à élucider le mystère qui entoure les circonstances de sa mort. Il préfère s’écarter des sentiers battus pour nous conter l’histoire d’un couple atypique.

La rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie

Lorsqu’elle rencontre Greenson en 1960, Marilyn a déjà suivi trois analyses. Elle s’apprête à tourner Le Milliardaire aux côtés de son amant, Yves Montand. Elle est épuisée, anxieuse, cyclothymique et assommée de barbituriques. A priori, rien ne pouvait rapprocher l’icône sexuelle du psychanalyste freudien. Au cours de leur premier rendez-vous, ils se regardent d’ailleurs comme le feraient « des animaux si dissemblables qu’ils se tourneraient vite le dos, constatant qu’ils n’ont rien à faire ensemble ». Pourtant, on le sait, au cœur de la cité des anges, tous les scénarios sont possibles. Durant trente mois, mêlant cinéma et psychanalyse, alcools et médicaments, Monroe et Greenson ne forment plus qu’une seule et même personne. Chacun puise en l’autre ce qui lui manque ; lui cherchant à satisfaire son besoin de plaire, elle souhaitant apprivoiser les mots à l’aide de celui qu’elle aime appeler « son sauveur ». Ils s’étouffent presque sans jamais trouver le moyen de se détacher l’un de l’autre. Les gens de cinéma qui entourent Marilyn voient d’un mauvais oeil la mainmise du psychanalyste sur l’actrice. Beaucoup de bruits courent alors au sujet de leur liaison : la soif de pouvoir et de renommée, la folie des dollars, la détresse morale des deux personnages… Eux préfèrent parler d’amour, un amour platonique certes, mais fusionnel, addictif, souvent filial et inévitablement destructeur.

Les hommes préfèrent-ils les blondes ?

Sans toutefois négliger le côté starlette de l’actrice, Michel Schneider dépeint une femme passionnée par les théories freudiennes, amoureuse du langage, lectrice de Conrad, Kafka et Rilke dont la poésie l’émeut. En séances, de psychanalyse ou de photos, Marilyn respire enfin. Face au double regard de l’objectif et de Greenson et loin de la sophistication du personnage Monroe, de sa voix d’enfant et de sa bêtise affichée, l’image de Norma Jeane Baker apparaît en filigrane. Délaissant un temps la psychanalyse, Michel Schneider s’improvise photographe de talent par son utilisation de la surimpression, ce procédé par lequel plusieurs images sont surexposées sur un même film. Chez Schneider, ce sont les temps et les espaces qui se confondent. Tout devient transparent. Dans ce no man’s land romanesque, Vienne et Los Angeles ne sont plus séparés par des milliers de kilomètres et Marilyn est encore vivante. Au fil des pages, on croise Franck Sinatra, Clark Gable, Arthur Miller, Robert et John Kennedy. On boit un gin – sans vermouth – en compagnie de Truman Capote qui écrivait trois ans avant la mort de son amie : « Marilyn ? Juste de la terre d’argile, vraiment ; une divinité pas très nette – dans le sens où un banana split, ou un cherry jubilee, est une chose pas très nette – mais divine. » Divin, le roman de Schneider l’est tout autant. Dans un décor de carton pâte où les paillettes brillent d’un éclat trompeur, ses personnages deviennent les pions d’un échiquier fantasmagorique où Marilyn est reine.

Ellen Salvi

Zone Littéraire correspondant

Marilyn dernières séances
Michel Schneider
Ed. Grasset
0 p / 20 €
ISBN: 2246703719









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