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26

Fév

2006

Lames d'un poète
Écrit par Julien Canaux   
En bon poète qui se respecte, Philippe Hadengue a truffé
son texte de petites trouvailles linguistiques et de véritables
ingéniosités littéraires. Un roman tout en finesse...



Allégorique à souhait, bourré d’assonances, d'allitérations et de
néologismes, irréel et romantique… Lames possède
l’aura des plus grands romans classiques – de ceux qu’on
étudie ensuite à l’école, pendant des siècles, et qu’on relit avec
plaisir de génération en génération. La double sonorité du titre,
le soin dans l’esthétique, l’intelligence du propos et l’effort
considérable qu’a dû représenter le processus de rédaction…
L’ouvrage tout entier semble le résultat d’un véritable travail
d’orfèvre, à une époque où les romans rédigés d’une traite
semblent, parfois, partir un peu trop vite chez l’imprimeur.
Philippe Hadengue, qui avait reçu le Prix du Livre Inter en 1989
pour son roman Petite chronique des gens de la nuit dans un
port de l’Atlantique Nord
, maîtrise parfaitement la poésie et
les jeux de langues : souvent, on relit certaines phrases par
deux fois, pour mieux se laisser imprégner des petites
particules du style d’écriture, que l’on aurait pu laisser de côté.
D’une trame pour le moins ordinaire – la liaison naissante entre
un homme et une femme –, l’écrivain-poète semble extraire un
nectar, et imposer des évidences, dans un itinéraire délicat et
poétique, jamais opaque. Passé maître dans l’art du conte,
Hadengue tisse une toile immatérielle et logique, pleine de
sensations et d’imprévus… Quand Mathieu rencontre « la jeune
femme », aux abords d’un casino, il ne sait pas qu’un entretien
sensible et douloureux est sur le point de s’installer. Et dans
cette séduction du face à face, le roman finit par se construire
sur le mode de la confession, du duo, du dialogue. La jeune
femme est une oreille douce et réceptive, et Mathieu livre très
vite l’histoire intime de sa famille… Bientôt, une atmosphère de
liberté commence à se répandre ; les mots se lâchent, les
langues se lient et se délient très facilement. Quant aux lames
que s’échangent continuellement les amoureux… ce ne sont
bien sûr que des regards. Intenses, profonds, chargés de
mystères.

Lames et or

C’est en fait dans un double niveau de lecture que se situe le
principal talent de ces Lames acérées : on peut y voir, en
effet, une superposition entre les mots des protagonistes,
personnages immatériels par excellence, et ceux du poète, qui
joue lui-même sur le langage. Fier et libre, Hadengue fait fi des
conventions grammaticales et s’en va imposer des points
d’exclamation et d’interrogation là où on ne les attend pas.
Espiègle mais jamais prétentieux, notre poète accole des
adjectifs à la chaîne, sans jamais alourdir ses phrases et, par là
même, ses intentions. Dans cet univers du jeu, un
rapprochement s’impose alors : le choix du casino, en tant que
lieu de rencontre de nos deux âmes, est-il fortuit ?
En se délectant des sonorités, des jeux de miroir, des
rapprochements linguistiques et des mots rares – on se
surprend, soit dit en passant, à relever une bonne vingtaine de
mots complètement inconnus -, on lit tout le perfectionnisme
d’un littérateur qui nage parmi les mots et qui fait sienne la
langue qu’il emploie. A travers une histoire qui peut se montrer
bien sombre, par moments, Hadengue sait toujours comment
débusquer le terme juste, le verbe adéquat, la pépite d’or dans
la constellation poétique. En définitive, on est ravi d’assister à un
tel spectacle de talent, et on l’aura compris : les œuvres de
poésie ne se résument pas. Elles se consument après lecture,
et il n’en reste que des effluves.

Julien Canaux

Lames
Philippe S. Hadengue
Ed. Maren Sell
283 p / 18 €
ISBN: 2350040275
 
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