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03

Mai

2004

De la barbe à papa un jour de pluie
Écrit par L'équipe de Zone   
Le titre de ce roman, traduit du chinois, De la barba à papa un jour de pluie, renvoie à celui de Nikki Giovanni Cotton candy on a rainy day, dont un long aphorisme ouvre et résume la trame du livre : l'histoire pourrait en effet être condensée en « les conséquences des penchants contrariés d'un enfant ». Le narrateur conte l'histoire de Hongdou, entremêlée à la sienne, pendant une période correspondant à peu près à la grossesse de sa femme, Xianqing. Mais Hongdou fut d'abord un adolescent frêle et sensible, à la démarche presque féminine, contrairement à sa soeur, plutôt garçon manqué...

Hongdou préfère jouer du « erhu » ( un violon chinois ) aux jeux turbulents de ses camarades ; son écriture soignée et ronde ressemble plus à celle des filles ; il est calme et plus propre que les autres garçons ; il sert même volontiers d'exemple de comparaison aux mères qui se plaignent des turpitudes de leurs rejetons... De l'aveu même du narrateur, Hongdou aurait dû naître femme, plus proche de son tempérament naturel, mais Dieu a mal fait les choses...

Hongdou s'en va-t-en guerre...

Puis vient l'adolescence et le complexe d'une puberté retardée, sujette aux quolibets de ses amis qui se concurrencent sur leur masculinité naissante. Les années passent, mais le mal de vivre s'aggrave vite avec un nouveau sentiment d'infériorité face à son père, héros de guerre, qui nourrit pour lui les plus hautes ambitions militaires. Peine perdue : Hongdou ne veut pas de la guerre, il refuse même de tuer le poulet d'un dîner, préférant se blesser plutôt qu'attenter à la vie d'autrui. Mais nous sommes dans les années 1970, le pays est très militarisé et les conflits grondent en Indochine. En 1979, la Chine envahit le Vietnam, occupé à guerroyer contre les sanglants Khmer Rouges et a besoin de jeune recrues. Hongdou n'a pas le choix. Il est enrôlé de force, atterrit on ne sait où, vite porté disparu.

Le narrateur, son ami, qui essaie de faire son deuil, n'y parvient pas malgré ses noces toutes proches. Le temps passe jusqu'à ce qu'Hongdou réapparaisse : il avait été fait prisonnier... Mais les contrariétés de son adolescence continuent et accusent sa difficulté à se conformer à la mouture qu'on lui destine. Sa mère d'ailleurs, en le revoyant, ne s'y trompe pas et s'afflige au lieu de se réjouir, avec ces paroles prophétiques : « Mon petit Dou, quand je te vois là devant moi bien vivant, c'est comme si on me perçait le coeur avec un couteau, j'ai encore plus mal pour toi que quand je t'ai laissé partir »... propos que son fils ne comprend pas davantage.

On voit en lui un efféminé, bien qu'il aime Meiqi, femme avertie qui lui fait découvrir l'amour et l'étendue de son ignorance. Mais les souvenirs, le calvaire et les peurs passés le hantent et le minent au point de les distinguer de plus en plus mal de la réalité. La guerre a marqué et surtout prononcé le clivage entre son être et le rôle qu'il dut jouer. Et la marginalité de virer à la déchéance : Hongdou refuse de se nourrir, il veut tuer ce personnage qu'on lui a forcé de jouer, sans comprendre que ce faisant il porterait aussi atteinte à ses jours. Mais la folie gagne et flirte par moments à la schizophrénie... Il veut partir.

L'infini d'un destin

Dans son roman assez court, Bi Feiyu attire l'attention du lecteur sur non pas la succession des événements contés mais davantage sur la manière dont on a contrarié un être manifestement voué à un autre train de vie. L'auteur y décrit ainsi l'incompréhension du père comme du reste de l'entourage de l'enfant devenu jeune adulte, problème récurrent de la vie que l'on cèle trop volontiers et dont la littérature ne se fait que très rarement écho : le roman s'achève d'ailleurs par une magnifique citation de Rilke, un des rares poètes capables de ressentir la détresse de ses frères, seuls et incompris.

Mais le texte n'est pas aussi noir que ces lignes pourraient laisser penser : scènes d'allégresse succèdent à nombre d'images et d'expressions saillantes. Et puis la vie du narrateur, qu'émaille celle de Hongdou, n'est pas si terrible que ça.

Philippe Cesse

Zone Littéraire correspondant

De la barbe à papa un jour de pluie
Bi Feiyu
Ed. Actes Sud
123 p / 12 €
ISBN: 2742747664









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