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15

Jui

2007

Genre humain
Écrit par Julien Canaux   
On ne naît pas femme ou homme, on le devient… Certains, mêmes, ne sont ni l’un ni l’autre. Et ce qui est bien, quand on écrit, c’est qu’on peut être les deux. Bienvenue dans la révolution des genres…

Le genre humain ne sera vraiment apaisé que lorsque la « guerre des sexes » aura prit fin. Cela peut paraître utopique, mais il s’agit bien de cela : d’une bataille qui dure depuis des lustres, et qui fait peu de bruit. Car cette guerre-là est tacite, silencieuse, et elle fait de nombreuses victimes ; mais les soldats se montrent peu, et les bombes explosent à l’intérieur des corps. On ne voit pas tout le sang qui s'en écoule. Ni les frustrations et les vies qui tournent court, comme ça, dans l’oubli. Tout se fait dans l’intimité des chaumières, dans les conflits de jeunes mariés, ou au sein des traditions les plus ridées.
C’est un fait : la société a toujours opposé masculinité et féminité, dans un système de codes psychorigides et inébranlables. La binarité est partout : dans le commerce, la publicité, l’éducation, la séduction… Sortir des sentiers battus constitue un crime risible, une aberration hilarante. La vie devrait pourtant se vivre comme dans un cabaret… Un cabaret où chacun pourrait montrer sur scène. Pour montrer ce qu’il est, de ses facettes les moins évidentes à la configuration la plus concrète de sa personnalité.

Vous voyez le genre…

Le Carrousel, dans les années 50/60, était un cabaret comme il n’y en aura plus jamais : un lieu fantasque, où les ailes se déployaient dans toute leur envergure. C’est aussi un lieu où travestis et transsexuelles ont suscité, pour la première fois, un fort intérêt mâtiné de séduction. A cette époque, la fascination pour ces « oiseaux de nuit » était une réelle révolution, et la célèbre Coccinelle s’est mise à briller, entre provocation amusée et médiatisation outrée.
Il y avait donc Coccinelle, mais il y avait Bambi, aussi. Dans Marie, parce que c’est jolie (aux éditions Bonobo), son autobiographie romanesque, on retrouve tout cet amour du « devenir soi ». Devenir femme, devenir artiste de cabaret, puis enseignante du Français dans un collège… La voix est douce, le style riche, l’histoire intense et savamment distillée. En écoutant la voix sage de Bambi – ou plutôt de Marie-Pierre Pruvot, qui est aujourd’hui retraitée –, on comprend que la lutte est toujours la même : les codes sociaux n’ont pas changé, devenir garçon ou fille relève toujours d’une politique de cloisonnement, et il faudrait presque une horde d’écrivains rageurs pour essayer de déconstruire un peu les genres. Heureusement, il y a Virginie Despentes.
Issue d’une autre génération, et avec une toute autre voix, Despentes nous prouve qu’elle, dans un cabaret, elle aurait pu assumer tous les rôles : physio, maître de cérémonie, et peut-être même l’ensemble des artistes réunis… Son King Kong Théorie (aux éditions Grasset) est tout simplement un manifeste contre les marionnettes sociales, et contre les hypocrisies ambiantes : il n’y a d’ailleurs aucune performance dans cet essai, sinon un spectacle constant du vrai et de la lucidité. Despentes se place dans le « hors genre », elle survole hommes et femmes, ne prend jamais vraiment parti et parle sans fards de ce qui coule dans les veines de notre société binarisée.
A quand une révolution des genres ? A quand une expression complètement libre de ceux-ci ? A leur façon, nos deux auteurs se rejoignent. Leurs livres disent la même chose : être soi-même, ça passe forcément par la case jugement. Pour toujours ? Pas si sûr…

Marie, parce que c'est joli, Marie-Pierre Pruvot,
Ed.Bonobo,276 pages, 19 euros.
King Kong Théorie, Virginie Despentes,
Ed.Grasset, 156 pages, 13,90 euros.

Julien Canaux



Ed.
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