#113 - Du 15 novembre au 08 d�cembre 2008

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La formation de la romanci�re

 La M�thode Stanislavki
Claire Legendre
Grasset
Prix éditeur
18.00 euros

S�inspirant de son propre s�jour en r�sidence � Rome,
Claire Legendre se " stanislavskise " et met en jeu les
ressources de sa " m�moire affective " pour �chafauder les
bases d�une fiction qui oscille entre roman et policier. Mais nul
besoin d��tre un inconditionnel de cette m�thode de th��tre
russe pour acc�der � la lecture de ce polar th��tral.


La Villa M�dicis � Rome. Un cadre idyllique et pittoresque �
souhait pour tout jeune artiste r�vant d�une reconnaissance et
d�une carri�re digne de ce nom. C�est autour de cet univers cl�t
et privil�gi� que gravitent chaque ann�e d�heureux �lus fran�ais
qui viennent y s�journer un an, chacun cultivant une sp�cialit�
artistique diff�rente. Graziella Vaci, notre narratrice romanci�re
est l�une d�entre eux. Elle y c�toie, entre autres, une historienne,
un plasticien, un restaurateur d�art, un architecte, un musicien et
un chor�graphe. Avec une telle diversit�, comment douter de la
qualit� des �changes et des enrichissements r�ciproques. La
porosit� intellectuelle tant vant�e semble en effet n�avoir pas
meilleur terreau pour prosp�rer. Ce serait pourtant oublier la
ville alentour, son climat et l�in�luctable langueur qui gagne
quiconque y s�journe quelques semaines. D�o� l��tat de
stagnation intellectuelle dans lequel stationnent certains de ces
pensionnaires en l�absence de tout stimuli ext�rieur suffisant.
C�est donc dans les faits divers que notre Graziella puise son
inspiration, au point de se prendre de passion pour les
agissements d�un serial killer de dames qui a pour particularit�
d�op�rer dans les trains. Ses faits et gestes agr�mentant le
quotidien de Graziella d�un nouveau piment, elle en vient �
s��prendre de ce tueur, qui a au moins le m�rite de lui fournir la
mati�re de son prochain roman, qui conna�tra diff�rentes
d�clinaisons, du sc�nario refus� � la pi�ce de th��tre
acclam�e. Bien vite toutefois, le mat�riau artistique la d�passe
et Graziella et ses compagnons se trouvent parties prenantes
d�une intrigue meurtri�re qui la d�passe�


Quand la fiction a rendez-vous avec la r�alit�

Claire Legendre op�re ainsi un curieux m�lange des genres.
Son penchant pour la satire social ne manque pas de mordant.
Les protocoles mondains et convenus des hautes sph�res
culturelles et ambassadrices ainsi que les mesquineries
humaines de ceux qui sont pr�ts � tout pour fr�ler la c�l�brit� y
sont d�peints sans d�tour, gr�ce � un sens de l�humour et de
l�observation certains.
Si l�autod�rision est donc souvent de mise, l�indulgence et la
sollicitude du lecteur se trouvent n�anmoins sollicit�es
lorsqu�elle �voque les affres de la cr�ation, l�angoisse du
jugement ou encore la d�possession de l��crivain lorsqu�il voit
son �uvre r�appropri�e par un metteur en sc�ne� Bref, les
coulisses de la cr�ation, les concessions et les marchandages
auxquels doivent se r�soudre les artistes se trouvent d�voil�s
avec une certaine sensibilit�, au rythme des chapitres qui
empruntent directement leurs titres � La Formation de l�acteur
de Stanislavski. Se superpose et s�intercale � tout cela une
intrigue polici�re qui se veut certainement un hommage aux
ma�tres du genre (parmi lesquels Simenon), mais qui n��vacue
pas les clich�s de certains feuilletons. D�une part, il y a la fiction
�labor�e par Graziella. De l�autre, le meurtre de la com�dienne
qui devait l�interpr�ter, selon un mode op�ratoire �trangement
semblable � celui imagin� par son auteur� D�s lors, la vie et
les r�p�titions de la fameuse pi�ce se trouvent
indissociablement li�es � l�enqu�te qui �volue en parall�le, les
protagonistes de l�une �tant �galement suspects de l�autre� �
force de t�lescopage et de rebondissements, l�on perd
n�anmoins un peu en vraisemblance et en intensit�.

Au final, on en vient � se demander o� Claire Legendre veut
r�ellement en venir. Mise en garde contre une manipulation trop
vive des affects des artistes dont l�ego les pr�dispose � une
�motivit� extr�me ? Plaidoyer pour le strict maintien des
fronti�res entre l�art et la vie dont une trop grande proximit� peut
se r�v�ler destructeur ?...
Or, cette confusion qu�elle semble fustiger se voit aliment�e par
ses propres soins �tant donn� qu�elle-m�me puise dans sa
propre exp�rience pour b�tir une fiction dont les protagonistes
appartiennent tous au microcosme intellectuel dans lequel elle
�volue. Certes il est toujours plus souhaitable de parler de ce
que l�on conna�t, mais cette mise en ab�me � plusieurs niveaux
appara�t parfois un peu bancale. L�on se surprend � sourire � la
description des artistes capricieux confront�s au criminologue
humaniste. Et l��vocation des vues romaines donne
irr�m�diablement des envies de voyage. Mais ce c�t�
sympathique ne contrebalance pas totalement un certain
manque de l�g�ret�, voire le c�t� th��tral des
rebondissements. Mais peut-�tre est-ce le but, une exp�rience
sur l�adaptabilit� de la m�thode Stanislavski � la cr�ation
litt�raire ?
Une chose est s�re, la vie n�a rien d�une com�die, et si
l�introspection du pass� peut se r�v�ler d�une grande aide pour
avancer, dresser des parall�les syst�matiques avec le pr�sent
peut se r�v�ler dangereux� Mieux vaut alors en effet consigner
ses pulsions par �crits et renouer avec la dimension lib�ratoire
de l�art.

Laurence Bourgeon



 
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