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18

Sep

2006

La queue de cerise
Écrit par Laurent Simon   
Les mâles sont-ils retournés à l’état larvaire ? Voilà de quoi donner envie à tous les porteurs de gourmettes de se coucher sur l’autoroute.

Le whiptail, un petit lézard du genre Cnemidophorus pour les connaisseurs, a quelques raisons de se croire supérieur à l’homme, même s’il n’en a certainement pas conscience. L’évolution a fait que ces petits reptiles sont devenus totalement femelles : les individu(e)s se reproduisent par parthénogénèse – autofécondation - et vivent en bonne entente dans un milieu plus qu’hostile : le désert profond entre Etats-Unis et Mexique. Et les mâles dans tout ça ? Disparus de corps. Seul leur concept est resté : les variations hormonales font se comporter certaines femelles comme des "hommes" durant un accouplement devenu parodique, presque simulacre. Voilà de quoi alimenter une guerre des sexes naissante à laquelle Photographies d’un hamburger vient participer.
L’air de rien mais bien dans l’air du temps, Ségolène à la présidence et Eric Zemmour en pamphlétaire virilement proactif dans Le premier sexe, sont là pour en témoigner. La féminité est- elle la mort de l’homme ? Lucien Cerise a choisi la voie la plus parano pour y répondre positivement. Sans pouvoir résister à la tentation de l’archétype. On a tous en nous quelque chose de Lucien, quelque chose d’un peu flasque, rentré, suintant et régressé. Surtout que l’auteur a cru bon de faire se copuler créature et créateur : auteur et personnage ne sont qu’un. Avant même d’en avoir frôlé les pages, on bascule illico dans le roman à thèse.

X-Filles
On imagine aisément ce pauvre Lucien : aviaire, concave et un peu rance dessus-dedans. Autant d’allant qu’une nouille oubliée au fond d’un évier. Pourquoi ? Les circonstances ne plaident pas pour lui : non content d’être moche, il a fait philo à Paris VIII. Le bougre s’y entend donc en matière de cul-de-sac évolutif. Eduqué de manière vétérinaire par une mère qui n’en a de toute évidence pas les diplômes, Lucien est resté imago, juvénile. Pas fini. La philo lui donne juste la capacité de s’en rendre compte. Et d’en souffrir. Tout comme Houellebecq flatte la partie rampante de notre inconscient, le long et blanc Cerise a un petit côté ténia. A savoir hermaphrodite, mal (sic) avec les femelles et plutôt femelle avec les autres mâles en désespoir de cause ; corollaire, à force d’essayer de se reproduire, ça gratte l’anus. La régression nous tient et ne nous lâchera plus, encore que le terme d’«invagination » serait plus correct, tant Lucien a envie de remonter le col de l’utérus pour y trouver refuge. Sans y arriver, évidemment car il faut que femme consente.
Là réside tout le problème et une bonne partie de la thèse très peine à jouir qui insuffle Photographies d’un hamburger. Ces harpies possèdent la ressource rare : le désir. Et les moyens de l’utiliser. Il n’est pas question de déflorer la paranoïa narrative de notre ami Lucien, mais le roman pousse la conspiration loin, et encore au-delà. Ovaire the top, pour être aussi fin que lui.

Laurent Simon

Photographies d'un hamburger
Lucien Cerise
Ed. Scali
301 p / 14 €
ISBN: 2350120554









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