Cavalier de l'apocalypse

Les fêtes pascales sont à peine terminées que rebelote un nouveau prophète débarque… mais pour annoncer la fin du monde cette fois. Avec ce deuxième roman, Julien Blanc-Gras fait de ce héros malgré lui le témoin d’un monde qui ne plus très bien. Petit manuel à l’usage de ceux qui ont des aspirations divines…

Votre premier roman empruntait certaines de vos expériences à l’étranger. Votre deuxième est résolument tourné dans la fiction puisqu’il s’agit de la fin du monde…

Mon premier roman provenait d’un voyage que j’avais fait durant un an après mes études en Amérique. J’aurais normalement du chercher un travail après mes études mais je voulais voyager. Je suis revenu avec plein d’histoire et je voulais les raconter. Ca a donné Gringoland. Avant je n’avais jamais eu le fantasme de devenir écrivain. J’ai tenté le coup en envoyant le manuscrit par la poste et miracle un éditeur l’a pris. Donc je me suis dit je vais continuer, j’avais naturellement envie de raconter des choses. Pour le deuxième, j’ai voulu faire quelque chose différent, pas autobiographique. Vérifier si j’étais vraiment écrivain, et pas seulement un mec qui sait raconter sa vie. Je voulais construire une histoire totalement imaginaire.

Comment devenir un Dieu vivant est-il un manuel pour réussir

J’aime les titres à rallonge comme ça avec ce côté absurde. Breton disait que « comme » était le plu beau mot de la langue, alors en le poussant à l’extrême c’est devenu Comment devenir un Dieu vivant.

Vos deux exergues rendent hommages à Edgar Morin et Bob Marley avec Three Little Birds. Par rapport à l’actualité, vous avez été visionnaire…

J’ai vu I am Legend au cinéma il n’y a pas longtemps et Three Little Birds est la chanson du film, que fredonne le héros dans une Amérique post-apocalyptique. L’autre raccord dans l’actualité, c’est l’exergue d’Edgar Morin que les semaines dernières ont remis au gout du jour avec les déclarations de Sarkozy sur la laïcité. Un hasard assez marrant.

Pourquoi êtes-vous partis de la situation la plus improbable qu’est la fin du monde.

Je vois le livre comme moyen de traduire l’état du monde à un instant. Quand je vois ou lis les informations tous les matins, je trouve que le monde n’est pas en super forme. La question qui m’habite est comment on se positionne par rapport à ça. J’ai l’impression que le monde ne va pas bien, j’essaye de transcender par l’amour l’histoire de l’apocalypse. Prendre le thème qui fait peur et en faire quelque chose de drôle et de léger car c’est quelque chose de très lourd qui pèse sur mes épaules. Et si j’arrive à faire rire les gens avec ça, c’est bien car c’est un peu l’ambition du livre.

Vous vous appuyez également sur la forte présence des médias. Votre héros s’élève d’ailleurs grâce à la télévision…

Je ne vois pas comment aujourd’hui, on peut raconter une histoire sur le monde sans évoquer le pouvoir des médias. C’est quelques choses qui structure tellement les perceptions de chacun. Et c’est assez nouveau dans l’histoire de l’humanité. Ca s’accélère tellement, on voit bien les écarts entre nous et la génération de nos parents. Je voulais partir de la normalité, le quotidien et petit à petit basculer dans le burlesque pour arriver au grand n’importe quoi tout sauf réaliste. Je voulais avoir une trajectoire narrative exclusivement ascendante, et gratifiante pour lecteur, puisque c’est drôle de faire évoluer un personnage jusqu’au délire. Un décalage entre le sujet et le ton.

Vous adopté l’humour pour désamorcer le catastrophisme de l’apocalypse ?

On comprend assez bien que c’est humoristique, de toute façon les gens qui ne le comprennent pas que, je ne suis pas sûr qu’ils vont apprécier le livre.

Quels sont vos influences ?

J’ai été influencé par Chrétien de Troyes. Sérieusement c’est Desproges, un écrivain, un vrai. Je crois qu’il a influencé le style de pas mal de gens, dans la presse notamment. Il a montré qu’on pouvait maltraiter et varier la langue française en la respectant. Pour mon premier roman Gringoland, qui était un carnet de voyage, Kerouac et Céline qui sont les plus beau auteurs sur le voyage. Sinon, Houellebecq pour le fond, les thématiques post-humaine vaguement dépressive, avec cette lucidité désabusé sur les gens et la société. Je crois que c’est l’écrivain majeur de cette génération. Et puis la littérature américaine. Palahniuk et une auteur que j’aime particulièrement. Octavia E. Butler qui a écrit la Parabole des talents et la parabole des semeurs dans une Californie apocalyptique sur fond de religion.

Votre roman est marqué également par la question religieuse. C’est important pour vous ?

Je ne suis d’aucune confession mais je suis fasciné par la question religieuse et son histoire. C’est le socle de nos cultures. Le textes religieux m’intéressent car ils en disent beaucoup sur les hommes. Le retour flagrant au religieux est assez flippant. Dieu revient fort et pas de la meilleure manière. Je regarde le monde et je suis persuadé que l’espèce humaine est en mutation et que l’histoire s’accélère. La question qui m’obsède qu’est ce qui arrivera demain. L’autre idée est celle du globalisme avec la thèse que la terre est un être vivant résonne assez cruellement de nos jours avec le réchauffement climatique entre autre. En faisant la synthèse de toute ces choses, j’essaie de trouver des pistes sur ce qu’on deviendra…

Pour vous démarquer des autres sorties, vous avez développé un marketing original…

Je me suis dit que ce serait sympa de faire des petites bandes annonces. Nous les avons tournées très rapidement pour amener les gens vers l’univers du livre. Je pensais que ce n’était pas grand chose mais il y a eu un chouette buzz. Mon éditeur a aussi offert un beau site internet commentdevenirundieuvivant.com. On fait souvent aux auteurs le reproche de faire du marketing ne suis pas contre l’idée de la promotion. On passe deux ans à écrire un bouquin, c’est chiant, long, douloureux parfois alors vu ce qu’est l’édition aujourd’hui où le livre passe deux semaines sur la table et puis plus rien, on se dit que ce côté marketing sert à montrer que le livre existe. Ensuite faire les émissions de télé débile, hors de question, de toutes façons ils n’invitent jamais les écrivains.

Charles Patin_O_Coohoon

Comment devenir un Dieu vivant
Julien Blanc-Gras
Ed.
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Last modified onjeudi, 23 avril 2009 17:41 Read 2710 times
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