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Labyrinthe(s) - Marc Alpozzo
Cy�ditions (150 pages) exemplaire num�rique : 39 francs exemplaire papier : 89 francs
" Maintenant, l'absurdit� grotesque de la situation se manifesta dans sa toute puissance. Le corps �tait allong� de tout son long sur le lit m�tallique, les mains reposant sur le ventre du d�funt ; H.D. avait
les yeux clos, le visage blanc, nous laissant voir un ancestral repos qui nous venait du fin fond de l'au-del�. Du silence de son sommeil, il fut possible de percer � jour la tranquillit� �ternelle du tr�pas. La mort avait
chang� l'�tre vivant en objet inerte sans que l'ordre du monde s'en v�t �branl� ; mais le d�sarroi qui se m�la � l'incompr�hension ne me sembla concerner en rien cette trag�die. Le d�sarroi de la famille s'adressait en
r�alit� � la cruaut� de la disparition ; le mien, � la rencontre avec mon ... alter ego : cet autre je. Second sujet aux traits si similaires ; � la ressemblance si curieusement identique. Je n'observai plus aucun membre de la (mon ancienne) famille. Je n'eus d'yeux que pour
H.D. au repos d�finitif. Notre (premi�re) rencontre mariait � la fois mon admiration pour l'auteur et ma peur de cette aventure (diabolique). Je ressentis � cet instant la ferme
n�cessit� de le toucher. Il me fallait r�aliser pleinement son existence, afin de me faire par la suite � sa mort. Le ravissement auquel j'�tais expos� jusque-l� fut celui de son talent et de sa
notori�t�. Je me surpris soudain ne m'�tre aucunement �panch� sur les enjeux majeurs de l'incident. Je vivais cette situation comme un fugitif ; un fuyard qui se presse de s'attacher aux quelques futilit�s du fait divers, par
crainte d'affronter l'�pineux probl�me qui soudain l'�crase.
Les larmes ne surent �tre contenues. Elle r�v�laient nos douleurs int�rieures. (Je ne ressentis �trangement aucune peine pour le d�funt. Il
eut beau me ressembler, me commuter, le corps livide, froid, sans vie ni �me � pr�sent, ne m'inspira qu'une morne ingratitude vis-�-vis de son inacceptable d�c�s. J'avais certes connu la douleur d'un deuil avec le
tr�pas de C�cile, mais je compris � ce moment-l� que la disparition d'un inconnu ne pouvait jamais vous arracher de vraies larmes.) Je me surpris au contraire, et non sans quelque effarement, souffrir de la seule disparition d'un homme illustre (comme s'il n'avait �t� durant son existence que cela) ; un de ceux que je d�couvrais par
hasard, et pour lequel j'�prouvai maintenant un absurde engouement intellectuel et philosophique. Tr�s surprenant : la veille, j'envisageais encore de hurler � l'imposture. "
(t�l�chargeable sur www.cyeditions.com)
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