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Emoi, émoi, émoi
Dans l'exercice périlleux du roman d'amour, Fanny Carel passe allègrement la rampe. Une éducation sentimentale et érotique délicate. Ca change...

Aux mornes temps du nihilisme, un cœur trop ouvert passerait vite pour imbécile. Il y aurait là de l’injustice, d’abord. Mais surtout une erreur : l’immense mérite de Fanny Carel est de nous rappeler qu’un roman d’amour peut être encore aujourd’hui tout à fait réussi. Ni naïf, ni cynique, le sens qui s’exfiltre de ces deux cents pages est dit avec suffisamment de délicatesse et de justesse pour renvoyer tout un pack de rugbymen néo-zélandais froufrouter au bal des débutantes.

Et il s’agit justement de l’histoire d’une débutante. Ses seize ans et des formes pas bien encore affirmées lui valent le surnom de « crevette ». Une anti-Lolita, ignorante au possible des douces ambiguïtés de la chair, qui se fait surprendre, en un instant, par son désir pour un homme. Une plage, une planche à voile, un appolon dénudé par une vague, et plouf, voilà le début du grand égarement… Chromo, dites-vous ? Oui, en partie et au début. L’éducation sentimentale de la jeune fille n’en est que plus forte. Et non, puisque tout démarre à la première vue d’un pénis et que notre apprentie ne triche pas avec cette révélation. L’objet intrigue, attire et effraie, bref, fascine. La suite relate le passage du premier fantasme au réel.

À cœur ouvert…
Le fantasme névrotique d’abord, solitaire, passif, angélique, connu sous le nom de « syndrome du Prince charmant », poursuit confortablement le premier émoi. Rêveries inconsidérées, sensualité inavouée… Le désir se projette d’autant plus sûrement vers Laurent, son « ange » recherché, que la soupirante doit subir les entreprises grossières d’un vieux professeur de théâtre Nabokovien. Un « Humbert Humbert » plus banal que l’original et figure masculine – repoussoir. Le fantasme passé, place au jeu amoureux. Celui-ci s’organise au sein du cours de théâtre où les deux jouvenceaux se retrouvent. Roméo, Ondine, Richard III sont les personnages qui servent de prototypes d’essai pour un amour traînant à se concrétiser. Le procédé narratif est intelligent et admirablement utilisé par Fanny Carrel. Façon, aussi, de rappeler que ces jeux là sont immémoriaux. Leur peine n’est pas perdue puisque les deux timides finiront par occuper ensemble le même appartement le temps de leurs études.

...et pénis déployé
C’est, comme tout le monde l’attend, dans le lit partagé que l’histoire trouvera son aboutissement, ou, plutôt, son non aboutissement. Point de coucherie, en effet : l’élu révèle, un peu tard, son homosexualité. Plouf final. Et pourtant, cette histoire n’est en rien dénuée de sensualité. Disons même que nous avons rarement lu de description aussi réussie du désir brûlant chez une jeune fille et des caresses exploratoires qu’elle mène pour toucher son but. La découverte du corps de l’autre, où le désir, pas à pas, l’emporte sur la peur pour la première fois, vaut absolument pour toutes. Délicate et précise, l’écriture de Fanny Carrel façonne un érotisme sublime, sans vulgarité banale ni aucune perversité. Avouons qu'il est salutaire parfois que le désir sinon l'amour soient traités avec autant de sensibilité. Dificile, honnêtement, de ne pas céder au charme universel de cette éducation sentimentale dans ce qu'elle a de pathétique et en même temps de si reconnaissable.

Marc Delaunay

A coeur ouvert
Fanny Carel
Ed. Mercure de France
200 p / 16 €
ISBN: 2715226388









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