S�r�nissime Assassinat
Gabrielle Wittkop

"Masqu� d'une cagoule, et v�tu de noir, le joueur de bunraku faisant agir ses marionnettes, ne cesse d'�tre visible au public qui oublie son implacable ing�rence comme on oublie celle de toute fatalit�".

Des lectures s�r�nissimes.


Et, en effet, le lecteur oublie totalement l'auteur au fur et � mesure
qu'il est pris  dans le tourbillon polyphonique du roman. A partir de la
mort myst�rieuse des femmes successives d'Alvise Lanzi, se noue une trame complexe qui a pour cadre et pour h�ro�ne - voire anti-h�ro�ne, la Venise de la fin du XVIIIe si�cle.... Et pour permettre � cette ville de s'exprimer, diff�rentes figures qui la composent, se parlent, �crivent des lettres ou des rapports. Les regards sont diff�rents, les observations aussi.

Complexit� des voix, qui l�vent une partie du voile recouvrant des secrets inavouables, tout est myst�re... On s'espionne, on se trahit, on escroque, on assassine sur fond de bal, de carnaval et de pique-nique. Chacun s'avance masqu�, et d�couvrir ce que cache un masque peut conduire � la mort. Pourtant les personnages n'h�sitent
pas � jouer � ce jeu dangereux, qui, croient-ils, prot�geront leur passion et autres coupables activit�s...

Venise se compla�t dans le cloaque puant de sa d�cadence,
symbolis� par la pr�sence des mouches. Des rideaux au cerveau humain, elles se nichent partout, elles pondent. Leur pr�sence aupr�s des malades signifient clairement que la malade va mourir, ou que l'homme retrouv� est bien mort....

On est � la fois d�sempar� par la multiplicit� des personnages, d�go�t� par les descriptions pour le moins r�alistes des agonisants en pleine d�composition, fascin� par cette peinture exceptionnelle de la Cit� des Doges, qui vit ses derniers instants de libert�, consciente qu'elle ne pourra r�sister � l'ogre corse qui se dirige in�luctablement vers elle. On ne peut que saluer tr�s bas l'art du joueur de bunraku.


La Mort de C. suivi de Le Puritain Passionn�


Avec ces deux nouvelles, Gabrielle Wittkop nous offre de nouvelles
variations sur l'un de ses th�mes de pr�dilection, la mort. Ainsi la Mort de C. propose diverses "radiographies d'un meurtre". Un inconnu, dont on ne saura presque rien, sinon qu'il est assassin� � Bombay. Et, l�, les multiples sc�narii propos� par l'auteur ne permettent jamais de savoir ce qui s'est r�ellement pass�... En fait, le seul int�r�t que pr�sente C. dont l'identit� n'est pas d�finie, c'est son agonie.

Wittkop  nous entra�ne dans les m�andres de la cr�ation litt�raire o�
tout est possible : C. a-t-il �t� assassin� dans un acc�s de jalousie, au cours d'une bagarre dans un bouge mal fam�, ou encore au cours d'une agression ? Mais l'histoire finit toujours de la m�me mani�re : "La lame transperce ses v�tements, troue la peau, s'enfonce dans la paroi adipeuse, dans la paroi musculaire. Elle (....) plonge dans le foie...puis fait deux demi-tours sur elle-m�me....d�truisant le tissu h�patique,... le r�duisant en une bouillie brune et noire ; la lame tourne encore une fois, rageusement, avant de quitter la plaie avec un sifflement mat, et de revenir � son ma�tre, chaude encore du sang de C."

Cet �pisode, qui se r�p�te sans cesse, est tout ce que le lecteur conna�tra, avec certitude, de la vie de C. La complexit� des  sensations, les volont�s contrari�es, tout est "v�ridique", selon l'auteur.

V�ridique, certes, mais il n'y a rien de vrai. D'ailleurs, doit-il seulement y avoir une v�rit� en litt�rature ?

En revanche Le Puritain Passionn� ne nous offre m�me pas cette
possibilit�. Utilisant � nouveau la polyphonie comme structure  narrative, l'auteur manipule Denis et ses certitudes, nuance, voire r�fute purement et simplement ce qu'il croit savoir. Seule sa passion pour le tigre, incontr�l�e et incompr�hensible, semble r�elle ; mais une passion n'implique-t-elle pas un refus de la r�alit�, donc, de la v�rit� ?

La manipulation incessante du personnage donne cette connotation ironique qui, pour Wittkop, est un art � part enti�re, et trouve son apog�e dans les derni�res pages, bien s�r en relation avec la grande faucheuse.

Constance de Ayala
 

S�r�nissime Assassinat - La mort de C. Gabrielle Wittkop
Verticales (122 pages / 178 pages)
 

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