#112 - Du 14 octobre au 05 novembre 2008

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Interview de Pierre Clavillier


A 38 ans, Pierre Clavillier, po�te, �crivain et essayiste a pris la t�te des �ditions de la Barbacane en juin 2003. Aussi et surtout une revue de cr�ation litt�raire contemporaine, cette petite structure existe en marge de l�institution �ditoriale parisienne. De confection artisanale, elle allie qualit� de pr�sentation et exigence d��criture sans �tre �litiste et herm�tique.

Que sont les �ditions de la Barbacane ?

La Barbacane est n�e au pied du ch�teau de Bonaguil en 1963, � l�initiative de Max Pons : un po�te, conteur, �crivain et grand lecteur. Au d�part c��tait uniquement une revue litt�raire. Dans son premier num�ro, elle affichait des auteurs comme Jean Follain ou Jean Cocteau, tout juste d�c�d�, qui laissait quelques in�dits. Elle est devenue quelques ann�es plus tard une maison d��ditions publiant essentiellement des po�tes vivants dont Pierre Albert-Birot. Aujourd�hui, ce compagnon d�Apollinaire est presque ignor� de tous. Un jour il �crivit � Max Pons au sujet de la revue : � Elle me semble bien la fille du ch�teau, ch�telaine qui aime le berger, tr�s moderne puisque jadis les rois aimaient les berg�res ; en somme, c�est le nouveau conte de f�e ! � Et pour Max Pons � La Barbacane c�est un peu comme la daube : elle mijote longuement et ne peut se servir sur demande telle une vulgaire sauce en tablette. �.

Qu�est ce qui fait votre identit� ?

La qualit� typographique et notre pr�sentation. Tous nos livres et toutes nos revues poss�dent leur tirage de t�te num�rot�s et cela, � un prix abordable. Nous ne souhaitons pas que l�argent soit une limite r�dhibitoire ! C�est aussi notre identit� !
Nous avons publi� des auteurs dont le nom parle � la majorit� du public ! Jean Giono par exemple ou encore Andr� Breton ont �t� pr�sents dans nos lignes � c�t� d�autres peut-�tre moins connus, mais dont la valeur litt�raire est bien l�.

Pourquoi ce nom : � Barbacane � ?

C�est une sorte de m�taphore. Lorsque Max Pons a cr�� la Barbacane, il �tait Conservateur du Ch�teau de Bonaguil. Ce mot d�origine arabe d�signait au moyen �ge un ouvrage de fortification avanc�. De forme circulaire ou semi-circulaire la Barbacane prot�geait un passage, une porte ou poterne. Elle permettait � la garnison d'une forteresse de se r�unir sur un point saillant � couvert, pour faire des sorties, pour prot�ger une retraite ou l'introduction d'un poste de secours.

La Barbacane se consacre-t-elle exclusivement � la po�sie ?

Jusqu�� aujourd�hui, c��tait effectivement le cas. Cependant, un virage est en train de s�amorcer. Nous consacrons notre prochain num�ro, qui sortira dans la deuxi�me quinzaine de mars, � la nouvelle. Des �crivains tels qu'Alain Absire, pr�sident de la Soci�t� des gens de Lettres, Georges Oliviers Chateaureynaud ou encore Jean-Luc Moreau, fondateur de la Nouvelle Fiction y livreront leurs derniers textes � c�t� d�auteurs dont c�est la premi�re publication. Et nous ouvrons nos pages � l�aphorisme et la correspondance. Mais nous continuerons � nous consacrer � la po�sie.

Comment s'op�rent vos choix de publication ?

Le coup de c�ur. Nous recherchons l�exigence dans l�art de l��criture. Ensuite, il y a les auteurs prometteurs, chez lesquels on � sent � quelque chose. L�existence des revues litt�raires est chaque jour plus difficile. Les abonnements restant le socle de leur survie, il nous para�t indispensable de les augmenter en liant, notamment, davantage encore La Barbacane � � ses auteurs �. Malheureusement, nous ne disposons pas d�une grande surface �ditoriale. Nous pouvons faire para�tre jusqu�� trois livres par an et c�est d�j� beaucoup. Cette charte va nous permettre de publier des auteurs comme Bruno Bosvi, Alain Kewes ou Matthieu Baumier, de jeunes auteurs sur lesquels nous fondons beaucoup d�espoirs. En fait notre revue passe en revue ce qui se pr�sente, pour ce qui est de nos �ditions, c�est un peu la m�me chose.

Comment parvenez-vous � continuer d�exister ?

Difficilement ! Mais, cela fait 42 ans que cela dure. C�est le choix de l�ind�pendance qui n�a pas de prix !
Vous savez, le monde de l��dition est cruellement frapp� par une d�saffection des lecteurs, alors notre structure qui ne b�n�ficie que de tr�s faibles relais m�diatiques rencontre des probl�mes pour retrouver le chemin des libraires et donc des pr�sentoirs des librairies et derri�re les �tag�res des biblioth�ques des particuliers. Nous sommes en train de retrouver quelques abonnements. Cependant, le mouvement doit prendre plus d�ampleur pour nous sauver de la noyade et surtout permettre �conomiquement de retrouver des parutions plus r�guli�res� Le conseil r�gional d�Aquitaine nous aide, de quoi couvrir nos frais postaux pour l�ann�e, c�est d�j� �a ! Mais nous avons �galement d�autres activit�s qui nous permettent d�avoir des entr�es d�argent comme des lectures publiques, des conf�rences, des expositions pour les biblioth�ques, des interventions dans les �coles�
Et nous comptons sur notre site Internet pour accro�tre notre audience et toucher de nouveaux lecteurs. Il devrait �tre lanc� tr�s prochainement.

En quoi sera-t-il diff�rent de la version papier de la revue ?

La revue est enti�rement d�di�e � la cr�ation litt�raire. Nous ne faisons aucun essai ni aucune pr�sentation de livres. Le site b�n�ficiera d�un �ditorial en rapport avec l�actualit� litt�raire et nous pr�senterons des auteurs maisons qui m�ritent d��tre pr�sent� � un plus large public. Vous y trouverez �galement des archives de textes �puis�s. Et nous souhaitons cr�er un forum visant � d�battre sur la cr�ation litt�raire.

Vous sentez-vous en dehors du milieu �ditorial ?

� Je suis dans un ailleurs qui n�est que d�un c�t� � dit un personnage d�Hector Bianciotti dans Sang et mis�ricorde du christ. La Barbacane est exactement dans ce cas de figure. L��dition est un iceberg, il n�y a que 10 % de sa surface qui �merge, disons que nous nous situons � la ligne de flottaison. Encore un peu et nous commencerons � �tre visible par un public moins averti que l�actuel.

Que vous manque-t-il pour compter parmi elles ?

La curiosit� des lecteurs, mais aussi, une plus grande diffusion aupr�s du public. Surtout un suivi des media. Vous savez, nous n�avons jamais d�office pas plus que de repr�sentants, il est donc moins ais� aux libraires de suivre notre actualit�. Nous mettons tout en place pour �tre enfin identifi�s par les professionnels de la cha�ne du livre.

Quel regard porte-vous sur la litt�rature contemporaine ?

C�est difficile de r�pondre� Je ne sais pas si j�ai assez d�un regard� elle est tellement vari�e. Si l�on compare Marcel Moreau et Michel Houellebecq qui sont contemporains l�un de l�autre, ils pratiquent, somme toute, deux litt�ratures compl�tement diff�rentes. Marcel Moreau que nous publions, a �crit une cinquantaine d�ouvrages. Il est �dit� aux �ditions Deno�l. Pourtant, il est peu connu par rapport � Michel Houellebecq. On ne peut n�cessairement pas les aborder de la m�me mani�re. Certains auteurs utilisent les conventions litt�raires et alignent les mots. D�autres �crivent dans d�autres conditions avec d�autres n�cessit�s. Leurs intentions sont diff�rentes. Un texte de Philippe Delerm n�aura clairement pas la m�me vis�e qu�un texte de Pierre-Albert Bireau par exemple.
Pensez � cette phrase du po�te Jean Follain : � On publie trop, on n'�crit pas assez �. Je crois vraiment qu�elle m�rite d��tre m�dit�e� Dans cette explosion actuelle, il y a forc�ment des choses qui vont rester. Il ne faut pas confondre la mode avec l�essence. C�est l� o� les regards doivent �tre diff�rents et ce n�est pas toujours facile, surtout lorsque l�on est �diteur.

Alors qu�est ce qu�un �crivain qui a l�Ame ?

Toute la question est l� ! L��crivain qui poss�de l��me doit avoir un rapport authentique � la plume, c'est-�-dire ne jamais �tre autant soi que lorsqu'il �crit. Cela se per�oit imm�diatement � la lecture d�un manuscrit ou d�un livre publi�. Mais cela ne fait pas tout, il faut une certaine coh�rence : �tre capable de mettre en place une structure solide qui se d�veloppera d�un bout � l�autre de l�ouvrage. Si l��uvre ne poss�de pas ses propres r�gles int�rieures, autres que syntaxiques, elle s�effondra sur elle-m�me comme un ch�teau de cartes au premier courant d�air. Mais avant d�en arriver l�, il faut avoir lu. Il n�existe pas d��criture sans lecture. On n��crit pas sans les grands auteurs qui nous ont pr�c�d�s, mais avec eux, dans la continuit� de ce qu�il ont �t�. Avoir l��me c�est �a : lire, �tre coh�rent et authentique (je ne connais aucune expression artistique qui ne soit pas authentique), ce sont les �l�ments indispensables pour �tre touch� par ce que l�on nomme pompeusement�la gr�ce.

Propos recueillis par Doreen Bodin

Propos recueillis par Charles Patin O'Coohoon


 
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