#116 - Du 27 mars au 20 avril 2009

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Rencontre avec Vincent Ravalec


Vos d�buts dans l'�criture ?

Vers la trentaine, m�me si la n�cessit� d'�crire a �t� ressentie assez jeune. J'ai un jour jet� le peu que j'avais �crit, et pour finir, ou plut�t pour commencer puisque c'est de " carri�re " dont on parle, j'ai pondu ce que j'aurais voulu lire. Et je me suis dit : �a y est, on y va.

Vos d�buts " officiels " ?

Je n'ai pas imm�diatement fait parvenir mon travail aux maisons d'�dition. Au d�part je faisais des petits recueils de nouvelles que j'envoyais � des inconnus, via un syst�me d'�change artistique, de correspondance litt�raire. Puis j'ai envoy� ces nouvelles au Dilettante. L'�diteur a r�pondu positivement apr�s les avoir �gar�es quelques temps, pendant lesquels que j'usais de subterfuges (fausses recommandations) pour pousser une �ditrice � me rencontrer... Mes nouvelles ont eu un bon accueil, et le reste est venu tout seul.

Des rencontres d�terminantes, des d�clics ?

Artistiquement parlant, ce sont plut�t des personnes que je n'ai pas rencontr�es qui m'ont surtout marqu� � travers leur �uvre. Mais je suis interpell� par le style d'Angot et par celui de Dustan. Dantec pour certaines id�es d�velopp�es dans Babylone Babies. Je me suis �galement senti assez proche de Houellebecq jusqu'� ce que nos chemins divergent totalement. Nos th�matiques sont assez similaires, avec cependant une diff�rence fondamentale : il pense que l'existence n'a pas de sens, je suis persuad� du contraire. La divergence ne peut aller qu'en s'accentuant�

Toutes vos �uvres sont remarquablement diversifi�es. Un fil conducteur ?

Il va appara�tre. J'ai une id�e tout � fait pr�cise de l'endroit o� je veux aller et o� je me retrouverai si j'y arrive ; le tout a un sens particulier, qui s'inscrit dans une sorte de structure en �toile.

Comment �tes-vous venu au cin�ma ? Et pourquoi y �tes-vous rest� malgr� ces d�buts chaotiques et �prouvants que vous d�crivez avec beaucoup d'humour et de r�alisme dans Les Souris ?

Le cin�ma s'est pr�sent� sur mon chemin de mani�re factuelle, ainsi que je le d�cris dans le bouquin. Des difficult�s au d�but, mais �tant de nature tr�s enthousiaste, j'ai beaucoup de mal � dire non aux projets qu'on me soumet. J'ai sans doute beaucoup plus d'id�es et de d�sirs de r�alisation que de temps et d'�nergie, et j'ai tendance � me disperser, donc � tout vouloir accepter et faire dans l'instant� Pas forc�ment une qualit� ! Je m'�tais jur� de ne plus faire de film, mais la DV a chang� �norm�ment les param�tres, et me permet de faire un travail qui me convient nettement mieux ; c'est � dire de filmer avec presque la m�me l�g�ret� que celle que je ressens lorsque j'�cris.

Vous avez transpos� le cin�ma dans l'�crit pour ce livre. A quand l'�crit dans le cin�ma ?

J'avais commenc� � travailler dans ce sens avec l'Auteur qui raconte mes d�buts litt�raires, et que je pensais adapter au cin�ma� Mais on court �norm�ment de risques dans cette d�marche : l'�crivain a tellement �t� mis en sc�ne que pour ne pas tomber dans le d�j� vu et les pires clich�s�

La pr�sence de Proust dans Les Souris ?

Une sorte d'ange qui vient quand je suis au plus bas. Le long m�trage est vraiment un truc tr�s physique, et j'avais peur qu'en me mettant r�ellement � filmer, qu'en me fondant dans cette activit�, je finisse par perdre l'esp�ce de " m�canique " qui me permet d'�crire. D�s que j'avais un break sur le tournage, je m'isolais � l'int�rieur de moi-m�me pour continuer � �crire. Le soir je lisais Proust, qui s'est trouv� �tre une musique tr�s particuli�re, une symphonie de v�ritable accompagnement, un bol d'air. Accompagn� de petits totems comme Saturnin, le dico et Parker�

L'illusion : propre au cin�ma, mais v�cue de mani�re si omnipr�sente pour le personnage principal, c'est � dire vous�

Elle est en chaque aventure de la vie, mais il est vrai que cette dimension est particuli�rement pr�gnante dans l'univers du cin�ma qui a tant �t� mystifi�, alors que tout n'est que du vent, m�me s'il est porteur d'un potentiel de r�alisation. Cet aspect est soulign� afin de permettre une mise � distance, une relativisation, une attribution plus juste de la valeur des choses. Les gens qui y travaillent sont souvent tellement imbus de leurs t�ches, de leurs fonctions� Une �pop�e dans laquelle nous sommes tous plus ou moins pris, malgr� son c�t� bidon.

Ces sc�nes de Napol�on, de dialogues avec Charles Swann : autod�rision ?

J'ai le sens de la blague ! Je redeviens le farceur que je n'ai pu �tre en devenant bien malgr� moi Monsieur " Vautour-Casse-couilles " dans ce syst�me o� j'�tais forc� � me positionner en tant que " chef " et de " meneurs d'hommes " alors que je d�teste �a�

Choqu� par les " langues de pute et consorts " ? Etonn� par le rocambolesque que vous avez rencontr� sur les plateaux ?

Les travers humains sont accentu�s au cin�ma, o� tout prend une dimension diff�rente. On se prend forc�ment au pi�ge du narcissisme, puis on finit par d�passer ce stade� Et des p�rip�ties rocambolesques je n'ai pas tout dit, m�me si j'ai rapport� certains �pisodes cocasses comme la d�pression du r�alisateur, nos turbulentes divergences�

L'irruption de l'�pisode de l'Aquaboulevard ?

Une illustration de toute la violence que je me faisais moi-m�me durant ce tournage. La violence de devoir �tre ce qu'on ne veut pas �tre, de se surprendre � filmer la vie � chaque instant, de se placer derri�re une cam�ra avec une obsession analytique souvent inconsciente. Tout semble se transformer en sc�ne de cin�ma, et en l'occurrence cet �pisode l'�tait. Une obsession �galement propre � l'�crivain, qui filme tout, � sa mani�re bien s�r.

Le festival des courts m�trages ?

Je l'ai d�crit assez justement je crois, avec tout ce que l'ensemble manque de valeur, de r�alit�, et m�me d'int�r�t. C'�tait aussi un pr�ambule qui s'inspire du na�f propre � la jeunesse et au manque d'exp�rience ; la pr�paration d'un itin�raire un peu initiatique avant d'arriver au cin�ma. L'autod�rision de ces �tats un peu euphoriques que l'on vit � ses d�buts, lorsque l'on apprend que son court m�trage a enfin �t� s�lectionn�

Vous d�crivez justement le long m�trage comme un parcours de nature divine : en passant par la gen�se, les tables de la loi, la mise � l'�preuve�

Je l'ai vraiment v�cu de cette mani�re. Depuis quelques ann�es j'avais une vie assez douce, et cette aventure a �t� tr�s dure ! Mon �criture dans cet ouvrage est physique comme le cin�ma est �prouvant, et elle est illustr�e, symbolis�e, au propre comme au figur�. D'ailleurs au d�but cela devait �tre une BD, puis c'est devenu ce r�cit illustr� par des images comiques, que j'ai �crit pendant le tournage m�me, et o� j'ai �galement trouv� le titre.

Et l'apprentissage : l'�volution de la relation Moi-les Autres ?

Cela a �t� un �chec. Je suis pourtant philosophiquement tr�s attach� � la cr�ation de projets artistiques � plusieurs, mais l� le ratage avec toute une partie des gens a �t� total. Un Mortimer m'a en revanche m'a pas mal aid�, et n'est pas le mafio corse dont on l'a parfois trait� Malgr� des �lans cr�ateurs parfois interrompus pour des causes financi�res, des " si le film est trop long on ne pourra pas vendre de pop corn ", je suis parvenu � r�aliser le film que je souhaitais r�aliser. Donc un bilan satisfaisant malgr� l'�chec �voqu� sur le plan relationnel, et l'�chec commercial. D'ailleurs mon objectif ne se situait pas ce niveau-l�, tout ce dans quoi je me lance est une aventure et une exp�rience avant tout artistique, qui me permet en m�me temps de continuer � faire ce qui m'importe r�ellement.

Une conclusion tout � fait positive donc ?

Le myst�re de la cr�ation. Malgr� les douleurs dont l'enfantement peut �tre accompagn�, et le pognon perdu par le producteur�

Propos recueillis par J. L. N.


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