#0 - Du 20 f�vrier au 15 mars 2008

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L'imageur de mots


Les �crivains sont-ils de bons cin�astes ? Apr�s tout, du stylo � la cam�ra, le foss� est immense. Homme de l�image, puisque tout � la fois dessinateur, photographe et r�alisateur, Philippe Pollet Villard se consacre aujourd�hui � l��criture. Apr�s l�homme qui marchait avec une balle dans la t�te, il sort son deuxi�me roman La Fabrique de souvenirs en janvier. Son exp�rience et son analyse des deux m�tiers r�v�lent avec justesse la r�alit� du travail � accomplir des deux c�t�s de la barri�re�

Zone : Vous �tes avant tout un homme de l�image, le monde des mots, ce n�est pas, � la base, votre univers de pr�dilection ?

PPV C�est vrai. J�ai pour moi de n�avoir aucun dipl�me. J�ai litt�ralement cram� mes �tudes. Avec le recul, je trouve que c�est un avantage car j�ai appris en suivant mon d�sir.
J�ai voulu me lancer dans le travail de l�image car dessiner �tait la chose que je savais faire le mieux �tant enfant et je l�ai fait. Fabriquer l�image, faire de la photo, du dessin anim�, de la direction artistique, des films de pub, des clips. De l� j�ai eu envie d�apprendre le jeu. Je suis entr� dans un cours de th��tre. En faisant des improvisations, j�ai eu envie d��crire des dialogues. Et petit � petit d�aller plus loin et d��crire un livre. On se rend compte au bout d�un moment, milieux mis � part, que face au travail de l�image ou � celui de l��crit, on rencontre les m�mes peurs et les m�mes probl�matiques. Une fois qu�on les d�passe dans un domaine, on peut les d�passer dans un autre.

Vous �tes-vous lass� de l�image ?

J�aime l�image en g�n�ral, que se soit la sculpture, l�art antique, la photo de mode contemporaine. Mais aujourd�hui, je la trouve mortif�re. C�est en tout cas le sentiment qu�elle me procure : un effet n�vrotique. L��criture peut l��tre aussi. Cependant l�image est tr�s technique, il vous faut la ma�triser. Elle r�clame tellement de param�tres, que vous pouvez difficilement partir dans une improvisation comme le ferait un musicien par exemple. Cette dimension m�allait tr�s bien parce qu�il faut faire des plans, des dessins�Puis j�ai ressenti un besoin d�avoir plus de libert� d�action. Dans le cin�ma, les contraintes sont �normes. Sur le plan technique mais aussi sur le plan relationnel et affectif. Tout ce jeu d�sesp�rant de la s�duction. Les d�cisions passent par ce prisme l�. Je trouve cette pratique d�plac�e car en l�occurrence elle d�place le type qui a juste envie de raconter des histoires.

Comment avez-vous abord� le travail d��criture ?

Je me suis dit : je vais y passer le temps qu�il faut, mais je vais �crire. Fabriquer un film est une �preuve. Il faut �tre convaincu du film que l�on est en train de faire et il faut r�ussir � convaincre les autres. C�est un v�ritable engagement. A plus forte raison parce que je joue aussi dans mes films : l�investissement est donc aussi physique. L�engagement en �criture est diff�rent. Il faut trouver le courage de croire en soi afin de se mettre en situation de lecteur de soi m�me. Vous ne pouvez pas comme dans le cin�ma vous retrancher derri�re l��nergie de votre �quipe de tournage. Aucune excuse possible. Si un film ne se fait pas, on peut toujours se dire que c�est parce qu�on n'a pas re�u le budget, qu�on n'a pas pu avoir tel acteur� Ecrire c�est se mettre face � soi et combattre ses peurs.
Quand j�ai commenc�, j�allais parall�lement � des cours de th��tre avec mes textes. Je lisais aux �l�ves des chapitres de l�homme qui marchait avec une balle dans la t�te sur lequel je travaillais � l��poque. Parfois eux s�emparaient d�un extrait qu�ils lisaient � la premi�re personne. Cela donnait des choses assez extraordinaires pour l��crivain que j��tais � ce moment.
J��tais sorti de mon ordinateur et j�avais r�ussi � faire passer l��motion chez les autres. Ce qui m�a convaincu d�aller encore plus loin dans l��criture. J�avais tout simplement un vrai d�sir d��crire.

Les liens entre la litt�rature et le cin�ma ne sont plus � d�montrer. Les adaptations litt�raires sont l�gions, les �crivains sc�naristes nombreux, mais les �crivains r�alisateurs sont rares. Est-il difficile pour un �crivain de passer de l��criture � la r�alisation ?

Pourquoi une personne qui �crit aurait envie de mettre en image ? On ne voit pas d�embl�e le rapport entre les deux moyens d�expressions. Qu�est ce qui fait qu�une personne se met � �crire, qu�une ait envie de jouer et qu�une autre fonctionne avec l�image ? Chacun est diff�rent. Moi je pense en images, il est donc facile pour moi de r�fl�chir en termes de plans, de lumi�re etc. Pour ma part, je travaille de mani�re assez instinctive. J�ai envie de raconter une histoire. Parfois elle me vient en images, parfois avec des mots. Mais je serai incapable de dire quels sont les liens entre les deux. En r�alit� je ne crois pas qu�il soit facile de passer de l�un � l�autre sans difficult�s. Apr�s tout un charpentier ne saura pas ou n�aura pas forc�ment envie de faire des meubles, pourtant les deux domaines ne sont pas si �loign�s. Il en va de m�me pour l��criture et la r�alisation. Ce sont deux m�tiers distincts. Le travail de l�image r�clame nombre de comp�tences techniques: la lumi�re, le d�cors, la photographie, le cadrage, la direction des acteurs, ce dernier �tant cons�quent quand on a fait qu��crire des livres. Pourquoi des �crivains install�s iraient se coltiner un apprentissage aussi lourd ! Certes il y a beaucoup de films, pour ne pas dire une majorit�, qui se font sur les �paules du premier assistant. C�est comme un n�gre. Il faudrait interroger des auteurs qui sont pass�s � la r�alisation et leur demander leur part de responsabilit� dans le film. Un �crivain qui passe � la r�alisation cin�matographique est motiv� par un d�sir fort de le faire et de d�passer quelque chose.

Vous vous avez fait l�apprentissage inverse...

Compl�tement. Ca �t� pour moi une v�ritable abn�gation de m�extraire des probl�matiques de l�image pour me livrer � un exercice beaucoup plus ancien. L��criture me donne un sentiment beaucoup plus profond. Une vraie satisfaction.

Pour terminer, parlez-nous un peu de vos films�

Jacqueline dans ma vitrine est un long m�trage dont je ne suis pas satisfait. Ma place sur le trottoir, la baguette et le Mozart des pickpockets sont des films qui fonctionnent sur un m�me registre : celui du tragi-comique. Tous se passent dans le m�me genre de quartiers : Barb�s, Pigalle et recr�ent cette ambiance de rue. Ils mettent en sc�ne des histoires de prostitu�es, de malfrats, de pickpockets. Tous ont en commun le registre comique mais ils sont aussi � la charni�re du tragique parce qu�ils racontent tous l�histoire de personnages en situation difficile ou � la d�rive qui essaient de s�en sortir. C�est un registre que je situerai entre le film social et la grosse com�die. C�est peu exploit� en France je trouve contrairement aux pays anglo-saxons o� l�on fait beaucoup de com�die sociales. En France on s�pare les deux genres. On a d�un c�t� le film d�auteur � caract�re social et de l�autre la com�die qui traite des histoires de couples et autres sujets.

Propos recueillis par Doreen Bodin


 
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