#102 - Du 01 septembre au 20 septembre 2007

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Ornela Vorpsi: de l'Art !


Retour avec gr�ce d'ornela Vorpsi, auteur d'un jolie doubl� avec les sorties coup sur coup de Tessons roses et de Vert venin. La romanci�re, photographe n'a qu'un mot, l'esth�tisme de/dans l'art.

Vous donnez � chacuns des deux titres de vos romans une couleur. Les avez-vous pensez comme un duo malgr� leurs diff�rences ?

Ornela Vorpsi : J�ai choisi ces deux titres, parce que je sortais les livres en m�me temps. Je voulais qu�ils se r�pondent � la mani�re de clignotants. En italien, Vert venin a un autre titre. La mano che non mordi, La main que tu ne peux pas mordre, c�est tr�s difficile � traduire en fran�ais et comme je sortais Tessons roses en m�me temps, je voulais un lien logique entre les livres avec ces couleurs. D�ailleurs, il y a quelque chose de tr�s important avec Vert venin, il ne s�agit pas du vert de migration, mais d�abord d�une couleur qui revenait dans le livre. Vert venin, les herbes, la couleur de l�abeille que porte la m�re, la coul�e du mal �tre, de la maladie. Une sorte de leitmotiv incessant dans le livre. Pour Tessons roses, c��tait plus simple, la jeune fille parlait souvent de ce petit morceau de verre rose, avec lequel elle jouait avec d�autres filles � des jeux sexuels. Et puis comme j�avais choisi de faire des photos en noir et blanc, je voulais y mettre de la couleur.

Tessons roses est un r�cit illustr� par vos photos, Vert venin est un roman fragment� sur le voyage, deux livres graphiques. Comment les avez-vous construits ?

Il est vrai que Vert Venin n�est pas orthodoxe. J�ai essay� d�en faire une composition graphique. Il y a d�abord une colonne vert�brale lin�aire coup�e par plusieurs segments. La construction m�est venue d�une mani�re instinctive, assez organique. J�avais envie de faire un livre de voyage contre le voyage, sur quelqu�un qui n�aime pas trop voyager mais qui est oblig� de se d�placer. Je voulais confronter ce personnage avec le genre humain qui, contrairement � lui, adore se d�placer avec cette sensation que les merveilles se trouvent toujours plus loin, dans cet ailleurs qui n�existe pas. J�ai pens� Vert Venin, comme un voyage horizontale, entre Paris-Sarajevo, Sarajevo-Paris et coup� par des voyages dans les r�miniscences, les souvenirs. Tessons roses est une petite histoire � laquelle je tenais beaucoup. Quand on lit un livre, on se fait toute une sc�nographie dans sa t�te et j�avoue avoir un l�ger despotisme car je ne voulais pas laisser trop de place au lecteur. C�est pour cela que la narration est ponctu�e de photos, elles permettent de tracer le chemin. Si je n�avais pas illustr� le livre, le lecteur se serait fait ses propres images alors que je voulais jouer avec lui. Tessons Roses a finalement un c�t� ludique.

Quel a �t� le point de d�part de cette colonne vert�brale dont vous parliez ?

J�ai �crit Vert venin pour plusieurs petites choses qui m��taient tr�s ch�res. Et � partir de ces d�tails j�ai con�u tout le livre. Par exemple, le mouvement des objets dans le tiroir, j�ai toujours �t� fascin�e par ces mouvements sans qu�on s�en rende compte. Il �tait aussi important pour moi de savoir comment on pouvait devenir voleur, la na�vet� des enfants lorsqu�ils veulent jouir de tout. Tout comme la sc�ne � Rome : un chien mange des boulettes de viande, une sc�ne qui va compl�tement changer le destin d�un couple albanais qui s��tonnera de voir comment un chien peut manger des boulettes alors qu�en Albanie, on n�a pas la culture des animaux. Pour Tessons roses, je voulais �crire sur la sexualit� entre petites filles. Chaque personne devenue adulte cherche � oublier la sexualit� son de l�enfance. En grandissant on oublie tout �a. Je voulais parler de ces �tres qui ne sont pas �duqu�s et pas format�s. Des personnes qui subissent simplement la loi de la nature. On ne peut donc pas les condamner de perversion. C�est un terrain o� il n�y a pas d�hommes.

Un livre sur le voyage, un autre �crit en r�sidence, o� est-ce que vous �crivez ?

Tessons rose est diff�rent de Vert venin. Je l�ai �crit durant trois mois et demi de canicule terrifiante au Japon � la Villa Kujoyama o� j��tais en r�sidence. Je suis rest�e cloitr�e � cause de la chaleur, condamn�e � �crire� Quand je voyage, je suis perdue, dans l�anonymat. Le temps ne passe pas, je ne sais pas quoi faire. J�ai un vrai probl�me avec le d�placement et la nouveaut�. Le d�but de Vert venin je l�ai v�ritablement �crit � Sarajevo. Pendant des jours, j��tais g�n�e par le lieu qui me rappelait de mani�re �tonnante l�Albanie. Je me suis enferm�e dans l�h�tel pour �crire sur le voyage. Il y a des rencontres que j�y ai faite, qui se retrouvent dans le livre. Pourtant tout n�est pas autobiographique.

Justement vos pr�c�dents romans �taient marqu�s par une forte empreinte autobiographique alors que les suivants semblent d�velopper un peu plus la fiction...

Si on prend un beau visage et qu�on met une lumi�re des ann�es trente, on obtiendra une Marl�ne Dietrich, si on place une lumi�re en dessous, on aura un vampire. L�autobiographie existe jusqu�� ce que la manipulation litt�raire d�figure ou colore le r�cit. Je ne suis pas tout � fait une pure auteure de fiction car j�ai besoin de choses vraies. J�ai besoin d�un vrai partage. C�est ce que j�attend aussi des livres que je lis. J�ai besoin du partage quand je lis un livre. C�est pour cette raison que j�aime le roman qui me fait r�fl�chir et la narration toute simple, m�me bien faite ne me suffit plus. Il me faut des romans qui pensent. Pour aller ailleurs, on est souvent bombard� d�histoires, � travers la t�l�vision, les rencontres qu�on fait.

Romanci�re, photographe, vous d�veloppez toujours un travail sur l�esth�tisme, quel regard portez-vous sur l�art aujourd�hui ?

Il faut que l�art retrouve son terrain. Je continue de travailler sur l�art et donc sur la photo en prenant beaucoup de distance avec l�art contemporain. Je le dis souvent en interview, mais je trouve qu�il y a trop d�abus dans l�art contemporain. Il y a des engagements politiques sans profondeur. Ce qui m�agace beaucoup. Je trouve tr�s �tonnant le fait que la provocation marche toujours. Marcel Duchamp l�a fait dans les ann�es vingt. On parle toujours du travail de Sophie Calle, que c�est une grande artiste mais �a ne me suffit pas de voir en photo ses cadeaux d�anniversaire accumul�s. On les dit subversifs, �a ne me suffit pas. Par exemple aujourd�hui, un artiste dit � un individu peu cultiv� de regarder une poubelle d�une autre fa�on, mais moi si je vois d�j� la poubelle d�une autre fa�on, qu�est-ce qu�il a � me proposer cet artiste ? Il faut revenir sur des vraies valeurs, des vraies notions parce que l��tre humain a besoin de �a ; on oublie l�esth�tisme. La beaut� m�est tr�s ch�re et on doit la communiquer. Le partage est l�unique consolation de la vie.

Photo: Sebastien Dolidon

Propos recueillis par Charles Patin O'Coohoon


www.dolidon.fr

 
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