#101 - Du 25 juillet au 20 ao�t 2007

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Pactiser avec le Diable


Au Diable Vauvert enfile les romans comme d�autres
les perles : David Foster Wallace, Douglas Coupland, Pierre
Bordage mais aussi C�line Vargaftig ou Nora Hamdi� Les
paradoxes ne sont qu�apparents entre tous ces auteurs: voil� la
g�n�ration montante! Oui, elle a une �me et elle l�a vendu au
Diable. Entretien m�phistoph�lique avec Marion Mazauric,
fondatrice de la maison.


Au diable Vauvert apporte un certain renouveau dans
l��dition : couvertures color�es, parti-pris artistique fort.
Comment �tes vous per�u dans le paysage �ditorial ?

A l��tranger, nous sommes per�us comme �tant la maison
d��dition la plus int�ressante. Le Diable commence
d�ailleurs � avoir un rayonnement international :Le Dernier
Testament
, de Philip Le Roy, dont les droits nous ont �t�
achet�s, va �tre adapt� au cin�ma et produit par Jean-Jacques
Annaud. Son roman est d�j� distribu� dans quatre ou cinq pays.
On n�a jamais eu d��chos pour lui dans la presse g�n�raliste
alors que la couverture par la presse internet a �t� excellente.
Nous, on le savait que c��tait un auteur � best �. De mani�re
g�n�rale toutes les nouvelles cultures sont m�pris�es par les
critiques, il faut dire que les � anciens � sont incomp�tents dans
ce domaine. Pourtant quand la litt�rature ne puise que dans son
propre champ, elle devient acad�mique, on n�y �chappe pas.

C'est plus difficile de cr�er une rupture artistique en France
qu�ailleurs ?

La France a la r�putation internationale d�avoir une �dition tr�s
conservatrice, comme toute notre culture, d�ailleurs. Si je
pr�sente Trois jours chez ma m�re chez un �diteur russe
ou chinois, il va pleurer. La France est un pays trop centralis�,
jacobin au mauvais sens du terme : toute l�oligarchie
intellectuelle fran�aise vit � Paris. L�avantage d��tre ici � Vauvert
[ndlr : c�est � Vauvert que r�side logiquement� le Diable
Vauvert], c�est qu�on ne perd plus de temps avec les petits
conflits de Saint Germain, les �ternels
renvois d�ascenseur.

Qui sont vos lecteurs ?
C�est difficile � dire, la maison n�a pas cinq ans et le lectorat
�volue donc � chaque livre. On peut seulement dire qu�il est
jeune, entre 18 et 35 ans, et hyperconsommateur de culture. En
plus, c�est variable selon les auteurs : Bordage attire par
exemple tous les publics, alors que Nicolas Rey a un public
plut�t f�minin tout comme l�une de nos meilleures vente,
contraceptions, mode d�emploi, de Martin Winckler.

On vous pr�te souvent l��tiquette � litt�rature de l�imaginaire
�, qu�en pensez vous ?

Je me consid�re comme un �diteur � r�aliste �. La science
fiction est une grande litt�rature du r�el, American Gods
de Neil Gaiman ou Stephen King sont des grands r�alistes.
Douglas Coupland dans son dernier Hey Nostradamus
est dans une veine � la fois moraliste et r�aliste. Toutes les
cultures pop, science-fiction ou Fantasy -ce qu�on appelle la
litt�rature de l�imaginaire- ne sont qu�un moyen d�tourn� de
parler de la r�alit�, du monde qui nous entoure. Ne serait ce
qu�au niveau de la langue, celle qu�utilisent ces auteurs est
r�elle, commune et compr�hensible par tous. Pourtant c�est de
la litt�rature.

La rupture est elle en train de se produire ? Le nouveau
r�alisme contre l�ancien nombrilisme� Une g�n�ration contre
une autre ?

Oui, c�est une bataille esth�tique. Comment douter en lisant
Identification des sch�mas de William Gibson qu�il est un
�crivain du r�el ? C�est la bataille que j�avais men� chez J�ai
lu
. Ces auteurs sont cantonn�s dans un ghetto, alors qu�il
n�y a pas plus grande litt�rature du r�el que la science-fiction.
Ce qui lie ces auteurs, c�est la force d�une vision. Dans une
veine � la fois r�aliste et ironique, on peut trouver des auteurs
comme Thomas Cl�ment qui va publier son premier livre chez
nous ou Louis Lanher [ndlr : Auteur de Un pur roman et
Microclimats]. Ils ont plac� leur narration dans une l�g�re
anticipation, en 2010 par exemple. Pourquoi ? C�est finalement
un proc�d� voltairien, ils appliquent une vision d�en haut ou d��
c�t�. Et �a peut prendre diff�rentes formes : on va �galement
publier Scream test, un � slasher � mettant en sc�ne un
serial killer. Ce roman n�est pas moins moral que la soci�t� ne
l�est.

D�o� vient ce go�t de la subversion, de l� � � c�t� �
intellectuel ?

Mes premiers coups de sonde chez Flammarion date de 1994.
J�avais dans l�esprit l�ind�pendance esth�tique et culturelle de
ma g�n�ration, qui est celle de Houellebecq, de Ravalec. J�ai
�t� berc� de comics, de bandes dessin�es� Autant Stephen
King que l�Iliade et l�Odyss�e ! C�est Jacques Sadoul chez
J�ai lu, qui m�a donn� les clefs pour tout comprendre. Je
le r�p�te, une guerre esth�tique est en cours : pour moi Stephen
King est l�Alexandre Dumas du XX�me si�cle. C�est le public qui
triera : le march� n�est pas tr�s bon en ce moment, mais le
Diable Vauvert n�a aucun probl�me. Science fiction ou pas peu
importe, comme le dit James Morrow, les cat�gories litt�raires
ne sont que des cat�gories commerciales.

Propos recueillis par Laurent Simon


 
Françoise Bourdin
Gideon Defoe
Leonora Miano
Gérard Berréby
Ariel Kenig
Begaudeau, Bertina et Rohé
Karine Tuil
Emmanuelle de Boysson
Ornela Vorpsi
J�r�me Lambert
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