#113 - Du 15 novembre au 08 d�cembre 2008

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Last exit to Glasgow

 Faut �tre prudent au pays de la libert�
James Kelman
Editions M�taili�
Prix éditeur
23.00 euros

� la veille de son retour au pays natal apr�s douze ans d�absence, un trentenaire Ecossais �cume les bars de sa derni�re escale am�ricaine. Tour d�horizon de son existence, en images et surtout en paroles.

Nom : Brown
Pr�nom : Jeremiah
Signe particulier : d�tenteur d�une carte rouge de cat�gorie III. � Ca veut dire que j�ai pas honte d��tre un �tranger socialiste non assimil� et non int�gr� mais que je m�oppose fortement � ce qu�on me traite de s�culariste post-chr�tien d�cadent � tendances agnostiques. �
Confessions d�un marginal ? Rien n�est moins sur. Car c�est bien dans une longue tradition d�immigration que s�inscrit le parcours de celui qui se pr�sente d�embl�e comme un antih�ros. En effet, comme tant d�autres au si�cle pr�c�dent, au terme d�une adolescence certainement un tantinet trop traditionnelle � son go�t, Jeremiah Brown a succomb� aux sir�nes de la Terre promise et d�cid� de quitter la vieille Europe. Barman, serveur, agent de s�curit�, sa vie sur le nouveau continent rel�ve plus de l�acrobatie que de la stabilit� esp�r�e : accumulation de petits boulots entre combines et d�brouille, n�anmoins agr�ment�e de tentatives d��criture et de parties de poker. Une int�gration pas si rat�e que cela n�anmoins puisque ce d�racinement volontaire lui a tout de m�me permis de rencontrer la femme de sa vie et de gouter a la paternit�. N�anmoins, m�me sous le soleil am�ricain, l�idylle est rarement �ternelle. Surtout si en toile de fond, la vie de boh�me le dispute a la pr�carit�.
Au final donc (au d�part pour nous), une rupture consum�e depuis deux ans, mais qu�il ressasse sans pouvoir en dig�rer les cons�quences, et des secrets espoirs de c�l�brit� �chou�e. Car derri�re le r�ve am�ricain miroitent toujours les paillettes d�une gloire facile et, sans se l�avouer, c�est bien un tel succ�s qu�il aurait souhait�. Mais c�est de l�ombre de sa compagne musicienne qu�il a du se contenter. Sous des airs d�une grande duret�, c�est un c�ur bris� qui se d�voile � la veille de son d�part d�un territoire auquel plus rien ne le rattache d�sormais.

Jusqu�au bout de la nuit

La m�lancolie et la ranc�ur stimulant sans aucun doute une certaine aptitude au verbiage, cette derni�re nuit am�ricaine devient ainsi pr�texte � un grand d�ballage de son existence aux US of A, depuis ses p�rip�ties professionnelles jusqu�� ses d�boires sentimentaux. Alternant entre de longs monologues int�rieurs o� il apostrophe et invective aussi bien un entourage physiquement pr�sent que des compagnons du pass�, et des dialogues r�els, Jeremiah Brown d�voile successivement diff�rents pans de son existence et de sa personnalit�. Aux mots de l��criture �chou�e il substitue donc ceux d�une parole intarissable. Logorrh�e symptomatique de la parano�a d'un anticonformiste ? D�lire de pers�cution nourri d�un grand complexe d�inf�riorit� ? Ou bien r�elle inaptitude � l�hospitalit� de la part de cette terre qui continue � appara�tre promise pour bon nombre d��trangers ? La v�rit� est certainement un peu entre les deux. Si notre jeune homme amuse d�abord par son ton acerbe au service d�un incomparable cynisme, servi par un talent certain de l�observation qui p�trifie en l�espace de deux lignes le tic le plus accidentel � d�faut d��tre r�ellement culturel, il peut ensuite agacer par l�insistance avec laquelle il cultive une image de paria dans laquelle il semble se complaire. Mais toujours, l�autod�rision ressurgit et ce qui apparaissait comme de l��gocentrisme, en r�alit� miroir d�un profond mal �tre, est vite rattrap� par une sensibilit� et une �coute des classes les plus faibles � qui il souhaite donner voix. Pas de roman social pour autant, au sens classique du terme tout au moins. L�on sourit souvent aux t�moignages des complications et des mesquineries humaines que, bien qu�Europ�ens, l�on a pu de m�me exp�rimenter au quotidien. L�on rit, plus jaune cette fois, � l�ind�niable mauvaise foi de certaines autorit�s quant aux motifs expos�s pour justifier certains actes cens�s �tres moraux ou autres�

Une chose est sure, le temps des immigr�s n�est pas le m�me que celui des autochtones, car sans cesse le couperet de l�expulsion menace. Y aurait-il la une explication de sa passion pour le poker per�u comme un antidote potentiel au cours t�nu et irr�versible de l�existence inlassablement maitris�e par les Parques ? A force de jouer sa vie aux d�s et de d�fier le destin par le jeu, la mise peut s�av�rer de plus en plus difficile a remporter. Et la fuite appara�t alors in�luctable. Mais � l�heure des vols � bas prix, cela ne rel�ve-t-il pas autant du pari ?
Sans s��loigner d�un bar d�sert du Sud des Etats Unis, James Kelman accomplit la prouesse de nous embarquer dans un v�ritable road movie existentialiste auquel l�oralit� maitris�e de son �criture donne toute son ampleur. Une v�ritable voix qui s��l�ve, nous amuse, nous interpelle et nous d�range : de celles qu'on n�oublie pas.

Laurence Bourgeon



 
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